La lionne en diète émotionnelle
Si vous lisez ce message et êtes arrivée jusqu'ici, c'est que vous avez peut être une souffrance à l’intérieur de vous que vous n’étiez pas prête à revivre.
Bienvenue dans le best of Clarisse, cet été je vous propose de découvrir ou redécouvrir des contenus exclusifs issus de mes archives. Aujourd'hui, nous plongeons dans un moment profond et personnel de mon parcours de guérison avec "La lionne en diète émotionnelle". Découvrez comment j'ai appris à écouter mon corps et à gérer mes émotions pour retrouver ma force intérieure. Bonne lecture et bel été à tous !
ANJOU, 23.11.2021
La lionne en diète émotionnelle
Chaque année, à l’approche de l’anniversaire d’un des évènements les plus traumatiques de ma vie, mon corps se met à paniquer. Je mange. Je dors. Je dors et je mange. Tout du moins, c’est ce que je me sentais poussée à faire, jusqu’à ce que je n’aille encore plus loin dans mon chemin de guérison et que j’apprenne à manger en conscience.
Il m'a fallu du temps pour associer mon comportement à cet anniversaire.
Il y a précisément 7 ans, j’attendais ma petite princesse et je traversais également l’un des moments les plus difficiles de ma vie. Je divorçais, je licenciais mes collaboratrices, je devais affronter mon banquier tous les jours. Je négociais la revente de mon entreprise. J’étais au 6ème sous sol, entrain de me demander comment j’allais pouvoir élever seule mes deux enfants sans source de revenus régulières. Comment j’allais pouvoir faire garder ma fille sans mode de garde. Comment j’allais trouver un logement sans bulletin de salaire. J’étais en mode pilote automatique. Facture 1, 2, huissier 1, 2. Banquier 1, 2. Crèche 1, 2. Je ne m’étais même pas autorisée à ressasser le passé, j’étais plongée dans l’avenir, stressée, anxieuse, à me demander comment j’allais joindre les 2 bouts.
Pendant les 2 ans qui ont suivi cette période, je me suis empêchée de ressentir quoi que ce soit. J’étais une guerrière qui devait se battre pour survivre. Une lionne qui devait se battre pour nourrir ses gosses. Une lionne qui dévorait les hommes pour ne pas se faire manger. Une femme seule, indépendante, sur ses gardes en permanence.
Je me suis interdite de pleurer, d’écouter mes ressentis profonds. Je me suis battue corps et âme pour reconstruire ce qui, de ce que je croyais à l'époque, m’avait été volé. Je ne voulais pas accepter la situation. Je mobilisais tous les matins le peu de force que j’avais pour me battre. Encore et toujours. Contre tout et tout le monde.
Me battre.
La lionne qui était en moi s’était réveillée et n’avait pas l’intention de lâcher le bifteck. J’étais en feu. Un feu rempli de rage et de colère que je n’arrivais pas à éteindre. Que je n’avais pas envie d’éteindre. J’étais enragée et j’aimais cela. Ce sentiment de toute puissance sur la vie, ma vie. La force de lutter était une émotion galvanisante. Une émotion parfois même addictive. Jusqu’à ce que mon corps lâche. Burn out.
Et qu’il me force à ressentir.
A me reconnecter avec la Clarisse en moi. Aux bouts d’âme que j’avais laissés ce jour dans la chambre d’hôpital où mon fils est venu m’annoncer “papa a une autre maison maintenant”. Je l’avais oubliée cette Clarisse. Cette Clarisse désemparée, qui se sentait à bout de force et qui se demandait comment elle allait faire. Cette Clarisse qui a du ravaler ses larmes, brosser ses épaules et aller au combat. Clarisse qui se disait “continue”. On a pas le temps pour les pleurnicheries. Lève toi et marche. On verra ça plus tard.
J’avais laissé une partie de mon âme ce jour là.